Un
craquement se fit entendre et Keyne ouvrit les yeux. Allongé dos contre le mur,
ses armes à portée de mains, il ne bougea pas, attendant que le bruit se réitère,
mais rien ne vint. C’était seulement les poutres de la maison qui avaient dû
craquer.
Keyne
se releva et s’étira. La lumière filtrait à travers les interstices des
fenêtres condamnées, mais également des divers trous présents dans la toiture. Keyne
n’y avait pas fait attention la nuit dernière, mais au final ça ne changeait
pas grand-chose, le bâtiment était sûr et c’était tout ce qui comptait.
Faisant
un tour rapide des lieux à la lumière du jour, le nomade revint finalement dans
la pièce principale les bras chargés de petits bois et ralluma un feu. Il vint
ensuite auprès du garçon et l’ausculta. Sa respiration était calme et
régulière, les traits détendus, il était clair qu’à présent son inconscience
était due au sommeil. Sortant de son sac sa besace médicale, Keyne se mit à
préparer le traitement nécessaire à son rétablissement complet. Mettant dans un
bol quelques feuilles de chaque plantes dont il avait besoin, il s’occupa
ensuite de faire chauffer de l’eau au-dessus du feu. Ce n’est qu’une fois la
tisane prête qu’il se rendit compte que de l’autre côté du feu le garçon avait
ouvert les yeux et l’observait.
—
Tu es réveillé, tant mieux. Tu vas pouvoir boire seul ce que je t’ai préparé.
Keyne
se leva et vint aux côtés du garçon. Avec des gestes sûrs il l’aida à s’asseoir
et porta le bol à ses lèvres, l’aidant à boire. Une fois la tisane entièrement
absorbée, il reprit le bol des mains du garçon, et retourna près de ses
affaires. Là, il plongea sa main dans l’un des sacs qu’il avait posé près du
feu, en ressortit une poignée de graines qu’il versa dans le bol, y ajouta une
pincée d’un autre sac et recouvrit le tout d’eau bouillante. Il réitéra l’opération
dans un autre bol, y plongea dans chacun une cuillère, ajouta quelques tranches
de viande séchée et porta ensuite l’un des bols au garçon, avant de revenir s’asseoir
près du sien et de manger son gruau tout en observant son vis-à-vis.
Le
garçon ne devait pas avoir plus de 20 ans. Sans être frêle, il était toutefois
mince et manquait clairement d’exercice. Ses cheveux bruns étaient coupés
courts et les lunettes qu’il portait, même cassées ne dissimulaient pas des
yeux marrons légèrement bridés marquant ainsi un métissage asiatique évident.
Le gamin avait l’air complètement paumé de quelqu’un qui se demande ce qu’il
faisait là, encore en vie. À vrai dire, Keyne se posait exactement la même
question. Avec son air d’intellos et ses vêtements déchirés, il se demandait
comment le garçon avait pu vivre aussi longtemps. Mais mieux valait faire les
choses dans l’ordre. Avalant la bouchée qu’il venait de prendre, Keyne reposa
sa cuillère dans le bol et s’adressa au garçon.
—
Je m’appelle Keyne.
Sa
voix avait le timbre éraillé des personnes qui parlent peu. Il ajouta :
—
Et toi ?
Le
garçon se dépêcha de mastiquer et d’avaler ce qu’il avait dans la bouche.
—
Elis.
Il
toussa sous la précipitation et se reprit, visiblement gêné.
—
Merci.
Keyne
haussa les épaules.
—
Ce n’est rien qu’un peu de nourriture.
Et
il le pensait. Comparé au sérum, ce n’était en effet rien d’important. Elis
secoua la tête.
—
Non…enfin si, merci pour la nourriture, mais merci…de m’avoir soigné alors que
je suis…contaminé.
Son
regard était baissé sur le bandage qui recouvrait la morsure de lapin. Keyne le
regarda un instant avant de lâcher un petit rire.
—
T’es pas contaminé.
Le
visage d’Elis se décomposa.
—
Pas contaminé ? Mais le lapin qui m’a mordu….
Keyne
retrouva son sérieux et lui rendit un regard calme en comparaison de celui du
garçon qui reflétait l’incompréhension. Il semblait avoir réellement eu
conscience de son état, mais doutait sous le regard assuré de Keyne. Ce dernier
hésita à lui répondre.
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