dimanche 21 décembre 2014

Episode 10


À présent la neige tombait dru, empêchant de voir devant soi à plus de quelques mètres. Elis avait rabattu sa capuche et marchait tête baissée, ce qui n’empêchait pas la neige et le vent de lui fouetter le visage. Malgré les vêtements d’hiver que lui avaient fourni ses kidnappeurs, le jeune homme était gelé et épuisé. Mais il avançait, guidé par la corde qui le reliait à Keyne.

Devant, le nomade suivait une ligne qu’il s’était fixée. Même si ses lunettes le protégeaient, il n’y voyait pas plus qu’Elis ; mais avant que la neige ne tombe trop fort, il avait eu le temps de repérer des arbres et marchait depuis dans leur direction, espérant qu’ils seraient suffisamment nombreux et denses pour les protéger un minimum du blizzard. Pour autant ils ne seraient pas sauvés, et il leur faudrait encore trouver un abri le temps que le gros de la tempête passe. S’ils n’en trouvaient pas, ils risquaient tout simplement de mourir.  

Keyne sentit la corde se tendre un instant et il pressa le pas. Elis ne tiendrait pas le coup encore très longtemps, lui-même commençait à fatiguer sérieusement. Plissant les yeux il lui sembla voir se découper des ombres hautes à travers la neige. Ils ne devaient plus être très loin à présent. Keyne continua à avancer et au bout de quelques mètres ils atteignirent les premiers arbres. Comme l’avait espéré le nomade, ce qu’il avait aperçu était bien une forêt, et protégés du gros du vent, le blizzard se fit moins violent.

Les deux hommes avancèrent prudemment. Les arbres étaient espacés et le terrain assez rocheux. Keyne ne craignait pas tant les bêtes sauvages ou les Rageux que le fait qu’il ne connaissait pas ce territoire. La journée était bien avancée, et entre les arbres et la tempête il faisait pratiquement nuit, limitant la visibilité. S’ils ne faisaient pas attention, ils pourraient très bien rater un lieu où il pourrait s’abriter, ou pire se blesser. Mais Keyne était aguerrit à cette tâche et il remarqua tout de suite les rochers. Ce n’était pas une grotte, mais leur disposition les abritait du vent, et avec quelques aménagements ils auraient un abri de fortune. Keyne jeta un coup d’œil à Elis. Le garçon était sur le point de s’endormir, et c’était mauvais signe. Il fallait d’abord qu’ils se réchauffent s’ils ne voulaient pas risquer l’hypothermie. Défaisant la corde autour de leur taille, Keyne secoua un peu Elis pour le réveiller.

— Hey ! Tu vas bientôt pouvoir te reposer, encore un petit effort.

Il déposa ensuite son sac contre les rochers et entraina le garçon.

— Aller, aide-moi à ramener cette branche près des rochers.

Ils s’en saisirent et la tirèrent vers leur abri. Keyne récupéra ensuite la petite hache que portait Elis et lui intima l’ordre de ramasser les pierres qu’il y avait autour d’eux. Le jeune homme s’exécuta pendant que Keyne débitait les petites branches afin de faire du petit bois en prévision d’un feu. Il sortit ensuite du fond de son sac une grande bâche en plastique qu’il déplia. Elle était vieille et rapiécée en plusieurs endroits, mais elle serait parfaite pour les abriter. Se servant de la branche comme d’une poutre, il la cala contre les rochers et y a coinça la bâche. Elis revint avec quelques pierres et Keyne l’envoya chercher d’autres branches plus petites, qu’il installa également pour maintenir la bâche. Une fois la tente improvisée montée, ils se mirent à l’abri et Keyne maintint le reste de la bâche avec les pierres.

Un peu de vent passait encore, mais la neige ne les atteignait plus. Keyne sortit son matériel et rassembla le petit bois. Il lui restait suffisamment d’amadou pour démarrer le feu, mais les branches étaient humides et il craignait que ce dernier ne prenne pas. À côté de lui Elis claquait des dents. Keyne sortit alors ce qu’il lui restait d’amadou et l’embrasa. Il rajouta ensuite des petits morceaux de bois un à un pour éviter d’étouffer le feu. Il fit bientôt meilleurs et Keyne obligea Elis à respirer lentement et à plein poumon pour qu’il arrête de greloter. Tous deux se réchauffèrent bientôt et Elis commençait à s’endormir.

— Vingt-trois.

Le garçon ouvrit les yeux et regarda le nomade.

— De quoi ?

— Plus tôt dans la journée tu m’as demandé mon âge. J’ai 23 ans.

Sa capuche était rabattue et son chignon en grande partie défait, libérant une tignasse rouge et bouclée. Le feu qui donnait un peu de lumière découpait des lignes dures sur son visage et se reflétaient dans ses yeux bruns, les faisant brûler du même éclat que les flammes. Elis avait du mal à croire que son guide soit si jeune. Il lui aurait facilement donné dix années de plus.

— Moi j’en ai 20.

Keyne lui sourit sans rien répondre, et bientôt Elis s’endormit, le laissant seul avec ses réflexions, les yeux fixés sur le feu et le regard perdu dans le vide. Ils avaient pratiquement le même âge, mais un gouffre les séparait. Elis paraissait si jeune quand lui-même se sentait si vieux. Il avait vu tant de choses, tant d’horreur…

Les souvenirs remontèrent et il revit la scène aussi nettement qu’à l’époque, lorsque son grand-père était venu le réveiller en pleine nuit. Lui n’avait rien entendu, mais leur communauté s’était faite attaquer par des Rageux. Dans la vieille caravane ouverte aux quatre vents, les flammes réduisant leur communauté en cendre, Keyne avait eu le temps d’apercevoir le corps de ses parents morts, ainsi que ceux de trois Rageux avant qu’il ne s’enfuit avec son grand-père, abandonnant tout son univers derrière lui. Il se rappelait qu’il avait alors 8 ans, mais depuis ce jour il n’avait plus jamais été un enfant.

Keyne chassa ces souvenirs qui le hantaient. Cela ne servait à rien de se rappeler. Il rajouta un peu de bois dans le feu, puis ferma les yeux.

 

Le lendemain la tempête s’était calmée et quelques flocons tombaient encore. L’air était à présent glacial, faisant ainsi tenir la neige. L’hiver s’était fermement installé dans cette région.

Les deux hommes prirent un repas frugal, puis Keyne rangea leurs affaires et ils reprirent la route sans un mot. Malgré le blizzard, ils n’avaient pas tant dévié de leur route que cela, et ils arrivèrent aux abords d’une communauté en milieu de journée. Keyne s’arrêta un instant et se tourna vers Elis. Il lui fallait un équipement complet et aussi qu’ils se ravitaillent en nourriture pour deux personnes. Il faudrait également que le gamin continu à s’entraîner sérieusement. Ils allaient donc devoir rester plusieurs jours, et cela ne plaisait guère au nomade qui préférait la liberté et la sécurité des grands espaces à celles plus restreintes et toute relative des communautés.

 
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jeudi 11 décembre 2014

Episode 9


Elis acquiesça sans poser plus de questions. Il était seulement content de pouvoir enfin se reposer. Keyne mangea également en silence avant de boire une longue rasade d’eau. Il se leva ensuite et récupéra ses deux courtes épées.

Le jeune homme le regarda faire, admirant les mouvements souples de son guide. Sa capuche était rabaissée et ses lunettes reposaient sur le haut de sa tête. Des mèches de son chignon s’étaient échappées et volaient telles des flammèches rouges autour de son visage, le soleil se réfléchissant sur les lames qui bougeaient de plus en plus rapidement autour de Keyne.

Elis resta subjugué, jusqu’à ce qu’il s’arrête, à peine essoufflé par l’exercice qu’il venait de faire. Son regard se posa alors sur le jeune homme et ce dernier déglutit devant la froideur qui s’y lisait.

— Lève-toi.

Elis obtempéra.

— Nous repartons déjà ?

Keyne secoua la tête.

— Non. Tu as besoin d’apprendre à te battre. Si je te laisse comme ça, tu ne survivras pas à la plus petite attaque.

— Cela fait trois jours que nous marchons et nous n’avons pas rencontré le moindre problème.

Keyne fronça les sourcils.

— Pour le moment. Mais nous marchons vers l’Ouest, le temps va devenir plus clément et nous allons devoir faire des haltes dans les communautés. Nous allons forcément croiser plus de Rageux et tous les problèmes que cela génèrent.

— Je ne comprends pas.

Keyne soupira. Malgré tout, il prit le temps de s’expliquer.

— Dans les contrées de l’Est le plus gros danger ne sont pas les Rageux, le froid maintient le taux d’infection assez bas. En contrepartie, la vie est plus dure, et les bêtes sauvages ainsi que les hommes représentent le gros du danger. Pour le moment, j’ai évité les routes qui risquaient de nous les faire croiser. Plus nous allons aller vers l’Ouest et nous rapprocher des communautés, plus il y aura de Rageux. Tu dois apprendre à te battre.

Keyne s’interrompit pour tendre à Elis l’une de ses épées par le manche et l’observa droit dans les yeux jusqu’à ce que le garçon prenne l’arme. L’homme recula alors d’un pas et se mit en position de garde, l’épée dans la main droite légèrement écartée de son corps, le bras gauche placé en défense devant son torse, comme s’il portait un bouclier.

— Attaque-moi.

Elis déglutit et son regard fit l’aller-retour entre Keyne et l’arme qu’il tenait. Protégé par la ville d’Eole, il n’avait jamais eu besoin d’apprendre à se battre. Il lui suffisait d’apprendre à s’occuper des éoliennes et de veiller à leur bon fonctionnement pour faire sa part du travail.

— Ça vient ?

La voix dure de Keyne le fit sursauter et le ramena à l’instant présent. Ce temps était révolu. S’il voulait retrouver sa vie d’avant il devait d’abord survivre. Ses mains s’agrippèrent sur le manche de la courte épée et il fonça droit sur Keyne, plus qu’il n’attaqua.

En face de lui, le nomade ne broncha pas. Il attendit qu’Elis soit sur lui pour contrer son coup d’épée avec la sienne, la faisant voler à plusieurs mètres. De sa main libre il assena une gifle au garçon avant de le repousser d’un coup de pied qui l’envoya rouler au sol.

Sonné, Elis se releva tout en secouant la tête.

— Tu es malade. Pourquoi tu y as été si fort ?

Keyne avait déjà ramassé l’arme et avançait vers lui pour lui tendre de nouveau l’épée par le manche.

— Fort ? J’ai retenu mes coups. Allez, relève-toi et recommence. En tenant l’épée à une seule main cette fois.

Elis observa Keyne lui tourner le dos et se remettre en position. Il se releva tout en soupirant. Il n’avait pas le choix. Et il attaqua.

Pendant l’heure qui suivit Keyne le fit rouler au sol plus d’une fois, lui mettant raclée sur raclée. Allongé au sol, Elis haletait, épuisé. Ses joues lui cuisaient et il débordait de colère contre Keyne qui se montrait toujours aussi froid et intraitable. Le garçon entendit les pas du nomade approcher et se crispa, s’attendant à une nouvelle semonce et l’ordre de se lever et d’attaquer encore une fois. Mais cette fois Elis était prêt à lui tenir tête, il refusait simplement de se lever.

Ouvrant les yeux pour lui en faire la remarque, il découvrit au lieu du manche de l’arme, l’outre remplit d’eau.

— Bois.

Elis attrapa la gourde et se redressa pour boire tout son saoul. Il vit Keyne ranger les épées dans leur fourreaux et remettre son sac sur le dos.

— Nous y allons déjà ?

— La route est longue et il faut trouver un abri. Il va neiger cette nuit.

Elis leva la tête vers le ciel pourtant parfaitement dégagé et se demanda comment Keyne pouvait être aussi sûr de lui. Il n’eut pas le temps d’y penser plus, que le nomade faisait glisser ses lunettes sur ses yeux, signe qu’ils reprenaient la route. Elis aurait bien voulu se reposer pour de vrai, mais il n’eut pas le courage de faire la moindre remarque en voyant l’homme porter tout son attirail. Il n’avait pas le droit de se plaindre alors que lui-même ne portait qu’une petite hache et une outre.

C’est d’un pas maussade qu’Elis se mit en route. Rapidement une distance de quelques pas s’installa de nouveau entre eux. Malgré l’entraînement, Keyne avançait aussi vite qu’auparavant alors que lui-même avait l’impression que ses jambes étaient lestées à l’aide de plomb. Chaque pas qu’il faisait lui était un calvaire, et il ne pensa bientôt plus qu’à ses pieds qu’il mettait l’un devant l’autre.

Ils marchèrent durant le reste de la journée, et ne firent une pause rapide qu’une seule fois alors que de gros nuages noirs s’étaient amoncelés dans le ciel. Keyne avait alors sorti une corde pour la passer autour de sa taille ainsi que de celle d’Elis, tout en lui expliquant que c’était pour éviter qu’ils se perdent l’un l’autre. En reprenant la route, il avait commencé à neiger. De tous petits flocons dispersés rapidement par le vent.
 
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mercredi 3 décembre 2014

Episode 8


Keyne marchait de son pas habituel, Elis suivant difficilement quelques mètres plus loin. Ils avaient repris la route deux jours plus tôt et Keyne essayait déjà de maintenir le rythme. Mais Elis peinait. Cela n’avait rien à voir avec son rétablissement, c’était juste qu’il n’était pas habitué à autant d’activités physique. Keyne le savait, mais s’ils voulaient survivre, le nomade savait également qu’il fallait que leur rythme soit plus soutenu.

Ça, et l’entraînement. Le garçon ne savait visiblement pas se défendre avec des armes blanches. Pour l’heure il portait à sa ceinture la petite hache que Keyne utilisait pour couper du bois, mais le nomade lui avait interdit de l’utiliser, sauf en cas d’urgence et lorsqu’il le lui dirait. Et même dans cette situation il craignait qu’Elis représente plus de danger en fin de compte. Ce dernier était comme un enfant à qui il fallait tout apprendre, et ils n’avaient pas le temps pour ça.

Sauf que la route était longue jusqu’à Eole et pleine de danger également. Si Elis n’apprenait pas à se défendre il se ferait tuer. Keyne n’en serait pas vraiment affecté, mais le jeune homme représentait sa dernière chance d’entrer dans Eole.

Le nomade soupira. Il allait bien falloir prendre ce temps s’ils voulaient arriver vivants. Et puis Elis devait cesser d’être un enfant et devenir un homme capable de se protéger. Si sa communauté avait fait le nécessaire, il ne se serait sans doute pas fait enlever.

Keyne se retourna pour jeter un coup d’œil au jeune homme. Le regard rivé au sol il avançait difficilement, le visage crispé par la douleur et la fatigue. Encore une fois Keyne se demanda quel genre de communauté pouvait être Eole pour ne pas avoir besoin que ses membres apprennent à survivre. Lui-même se souvenait encore très bien du jour où son grand-père lui avait mis un couteau entre les mains pour lui apprendre à se battre. Il devait avoir à peine 5 ans.

À cette époque le reste de sa famille était encore en vie. Sa mère devait sûrement être dans les parages, à le regarder, mais Keyne ne se souvenait que de son grand-père et de la leçon qu’il lui avait donnée. Durant des jours le vieil homme lui avait fait mordre la poussière jusqu’à ce qu’il soit capable de tenir son couteau et de s’en servir correctement. La leçon avait été dure, mais bénéfique lorsque quelques années plus tard, alors qu’ils n’étaient plus que tous les deux, Keyne avait tué son premier Rageux. Il n’avait alors pas encore 15 ans, mais son grand-père avait alors déclaré qu’il était adulte. Un léger sourire étira les lèvres du nomade, mais derrière ses lunettes, son regard resta froid. Il y avait trop peu de bons souvenirs pour de trop nombreuses horreurs vécues. Les souvenirs n’étaient que des rêves. La réalité, c’était la mort et le besoin de survivre.

— Keyne !

Le guide sortit de ses pensées et se retourna pour voir qu’Elis avait encore pris du retard. Il secoua la tête et ralentit le pas avant de s’arrêter. Décidément il allait falloir faire quelque chose. Relevant ses lunettes sur son front, Keyne observa les alentours en attendant qu’Elis le rejoigne.

— Tu vois les arbres là-bas ?

Le garçon regarda dans la direction que le doigt du nomade pointait et plissa les yeux avant d’acquiescer. De là où ils se trouvaient, ce n’était qu’une petite touffe verte qui semblait se trouver à des kilomètres.

— Ne les perds pas de vue. Nous ferons une pause une fois là-bas.

Elis acquiesça une nouvelle fois. Il était incapable de parler pour se plaindre, ses poumons étaient en feux, ses jambes lui brûlaient ; et il avait l’impression qu’il risquait de s’écrouler à chaque pas qu’il faisait. Ce qui n’était sûrement pas loin de la vérité. Et l’homme voulait qu’il continue à avancer aussi loin ? Il s’apprêtait à dire quelque chose lorsqu’il vit Keyne sortir une outre de son sac et en boire une longue rasade avant de la lui tendre.

— Tiens bois.

Oubliant sa plainte, le garçon ne se fit pas prier et but tout son saoul avant de rendre l’outre. Keyne ne l’avait pas quitté des yeux une seconde, mais son regard était resté impénétrable. Il rangea la gourde, rajusta son sac ainsi que ses lunettes et reprit la route. Elis soupira et se remit également à avancer, son regard fixé sur le dos de son guide. Depuis deux jours qu’ils marchaient Elis ne l’avait pas vu une seule fois fatigué et il était toujours aussi impressionné de le voir porter son sac comme si cela ne pesait pratiquement rien alors qu’en réalité il était plein à craquer.

Pourtant le nomade n’était pas physiquement ce qu’on pouvait appeler une force de la nature. Keyne était certes assez grand, mais malgré l’épaisseur de ses vêtements qu’il n’avait encore jamais retiré devant lui, Elis devinait un corps sec. En comparaison il se sentait gras. Elis lâcha un petit rire. Jusqu’à présent il n’avait jamais complexé sur son corps.

Sous le gloussement Keyne se retourna et lui jeta un coup d’œil.

— Qu’est-ce qui te fait rire ?

Elis secoua la tête.

— Rien. Je réfléchissais seulement… Keyne, tu as quel âge ?

— Garde ton souffle pour marcher au lieu de parler. Tu dépenses de l’énergie inutilement.

Puis l’aîné se tourna de nouveau vers la route et accéléra le pas, obligeant Elis à faire de même. Il leur restait encore une bonne heure de marche pour arriver aux arbres, et Keyne ne souhaitait pas perdre de temps en bavardage inutile. C’était un luxe qu’Elis ne pouvait pas se permettre. En plus, parler détournait l’attention des dangers potentiels. Mieux valait donc attendre d’être arrivé à l’étape et de se reposer. Ils auraient de toute façon bien assez le temps pour discuter.

Lorsqu’ils arrivèrent sous les frondaisons, Keyne fit d’abord un tour rapide afin de vérifier que les lieux étaient aussi sûrs que possible. Puis lorsqu’Elis le vit retirer son sac, il se laissa tomber au sol sur le dos, bras et jambes écartées. L’homme l’observa, un demi sourire au coin des lèvres alors qu’il sortait de son sac son outre ainsi que des galettes de blés. Croquant dans l’une d’elle, il en lança une seconde sur la poitrine d’Elis qui se soulevait au rythme de sa respiration rapide. Sous le léger impact le jeune homme ouvrit les yeux et observa le gâteau rond. Il se redressa et tout en croquant dans la galette, il se tourna vers Keyne.

— Merci.

— Mange. Tu vas avoir besoin de prendre des forces.

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